[ Pv Lolia ] Le printemps des vampires.

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Les ruelles sombres, les prostituées et les vampires vaquant à leurs funestes occupations étaient un décor qu’Ambroisie offrait la nuit. Des odeurs de cadavres, perpétuels nuages de sauvagerie qui parcouraient sans relâche les tranchées de la capitale, tels des spectres riant de la mort et profitant d’une vie autrefois pure, aujourd’hui corrompue.

Adrian marchait avec empressement, comme si le ciel allait pleuvoir et abattre le torrent d’une infinie tristesse sur la ville noire, ce qui lui aurait octroyé le temps d’une averse le pardon qu’elle ne méritait plus. Le vampire sortit un brin de tabac et une tige de souffre puis alluma le morceau. Il arrêta son pas et inspira la fumée grise, humectant cette matière nostalgique avec calme.

Sur le bas coté de la chaussée, dans un étau rampait le corps d’un homme, visiblement vidé de sa vitalité. Le vampire ne l‘avait pas remarqué tout de suite car cette loque pour le moins vivante semblait dépossédée de toute sa fierté, tout comme ses chances de survies. Ses vêtements trahissaient la souillure et les perversités qu’il avait pu subir dans un bar de riches vampires non loin d’ici.

Le râle même de sa respiration était couvert par l’écho lointain des rires et des valses de la cité. Adrian observa l’homme longuement. Il se plié de milles souffrances devant lui, et lorsque celui-ci vu le vampire, il le supplia de mettre un terme à sa triste vie, émettant ses dernières force à bouger les muscles de sa bouche.
Le visage du vampire était neutre et d’une impartialité flagrante. Il n’éprouvait pas plus de pitié pour cette homme que de désappointement pour les suceurs de sang qui lui avaient infligé ce traitement.
Même le malheureux savait qu’il ne s’en sortirait pas, et qu’il mourrait comme un chien que l’on aurait oublié de piquer.

Le tabac brûlait lentement entre les doigts d‘Adrian, tandis que son regard perçait cette chose sans vanité qui se traînait maintenant devant lui. Le nocturne fronça les sourcils un instant, puis reprit une autre touche de son tabac de fortune. Doucement, il porta sa main sous sa veste au couleur de corbeau et tira une dague d’un fourreau soigneusement orné de cuir. La lame brilla naturellement à la lueur d’une lune qui semblait peinée au spectacle qu’offrait les deux hommes. Le vampire agita le stylet devant les yeux fatigués du suppliant. Il croqua son cigare et sinua l’arme dans sa main droite, la retournant face vers le sol avant d’ajouter :

"Vous avez de la chance, d’habitude je suis payé pour ce genre de chose."

Sa main s’était déjà abattue, perçant le cœur d’une force inouïe. Une tâche rouge se forma sur le buste, flirtant avec le métal blanc de son agresseur. Les yeux de la victime, ou du gracié, quoi qu’on en dise, se fermèrent et la lune adressa à travers la jalousie des nuages noires une dernière prière pour celui qui allait entreprendre un nouveau chemin, et délaisser une vie dont la souffrance n’avait épargné.

D’un geste rapide, Adrian retira la dague du corps dont l’âme avait quitté l’enveloppe. Il prit son mouchoir en soie et caressa la lame, la purifiant de sa teinte écarlate, puis il jeta nonchalamment le tissu sur le visage du mort.
Le vampire observait les alentours. Personne ne l’avait vu faire, cela aurait été gênant pour lui, un signe de faiblesse qu’est la pitié chez un vampire. Lui-même regrettait un peu son geste, non pas pour avoir souillé sa lame mais pour la broderie qu’il venait de perdre, et puis surtout, il aurait préféré sa soirée dans avec une compagnie autre que celle d‘un homme à l‘agonie.

Il s’enfuma une dernière fois du goût armer de son cigare, libérant une vapeur de cendres et d’étincelles vacillantes et jeta le mégot au pied du cadavre.

Sujet: Re: [ Pv Lolia ] Le printemps des vampires. Dim 18 Mar 2012 - 10:59

- Et ce fut ça, la joie d’avoir retrouvé toute sa raison, qui lui sauva la vie. Pourtant, maintenant qu’il y pensait, il n’était plus très sûr de l’avoir réellement perdue. Au fond ça restait un mystère. Ca n’aurait été rien de plus qu’un rêve qu’il n’y aurait vu aucune différence. Mais tout ça était arrivé. Il s’en souvenait plus ou moins, par sursaut. Les errances, les courses, l’amour et tout ce qui avait pu donner un attrait à sa profonde liberté. La liberté intense et pure…qui n’avait été qu’un leurre, un gout amer laissé au fond de la gorge. Il avait lui-même causé sa perte. Enfin…lui et cette fille.

- Encore une histoire d'amour ? Ça fera la quatrième, tu le sais ?

Le vieil homme dévisagea Lolia d'un air attendri. Pendant une seconde, et même si ce n'était qu'une boutade, la jeune elfe regretta ses paroles. Heureusement, cet homme là était loin d'être susceptible.

- Mais voyons mon enfant, connais tu une histoire qui n'ait pas attrait à l'amour ? Même de loin, l'amour est toujours présent. Que ce soit une rencontre entre deux jeunes gens ou même l'amour d'une mère pour son enfant. Apprend le !

Il ponctua sa phrase par un claquement de langue sonore. Le cheval brun qui tirait la charrette reprit de la vitesse. Lolia sourit. Décidément, ce vieil homme ne cessait de la surprendre. Depuis le moment où il avait proposé de l’emmener, il n'avait cessé de parler. Bien sûr, la jeune elfe ne s'en plaignait pas. Elle préférait entendre les histoires du vieil homme plutôt que de marcher seule. Surtout qu'elle ne savait pas où elle allait, au moins ici, ce serait vraiment du hasard, l'homme ne lui ayant pas dit vers où il se dirigeait.
D'ailleurs elle commençait à s'interroger plus que sérieusement. La journée touchait à sa fin. A l'est, on pouvait déjà apercevoir des étoiles scintiller dans un ciel d'encre. Tandis que derrière eux, les derniers rayons disparaissaient à l'horizon, laissant un fin trait de lumière orange éclairer la route cahoteuse.
Mais, plus que la luminosité qui baissait, entant qu'elfe elle n'en avait cure, Lolia s’inquiétait du paysage qui changeait. Durant la journée, ils avaient évoluer dans un décor campagnard et ensoleillé. Les chemins qu'ils suivaient traversaient moult champs et pâturages. De temps à autre un bosquet où les oiseaux chantaient tranquillement, nullement dérangés par leur passage. Ils avaient croisés par moment quelques voyageurs ou marchands qui les avaient chaleureusement salué. En gros, la journée avait été calme et sans accro, une journée revigorante.
Mais à présent, le chemin qu'ils suivaient était sombre, il traversait un bois aux allures lugubre. Les arbres autour d'eux étaient abîmés, noueux, "sales". On n'entendait rien ; pas un oiseaux, pas un craquement. Juste le souffle froid du vent entre les branches décharnées. Et puis, ça faisait un bon moment qu'ils n'avaient croisé personne, pas âme qui vive.

- Raconte moi la fin, s'il te plait.

- Je n'ai pas le temps, tu arrives à destination. Mais voici la dernière phrase, c'est la plus importante : Mais c’est là que tout avait basculé… On ne peut aimer ce qui n’existe pas et on ne peut espérer sortir vivant d’un rencontre au plus profond de ce que l’on croit vrai.

Le silence tenta de prendre sa place un instant. Lolia ne s'avait que répondre. Que voulait il dire par "tu arrives à destination" ? Elle allait le lui demander mais il la prit de court en arrêtant tout à coup la charrette.

- Tu descends ici. En continuant tout droit durant une dizaine de minutes, tu arriveras là où tu dois aller. Moi, je ne vais pas plus loin, c'est trop dangereux. Et puis j'ai des choses à livrer dans la cité des hommes.

Lolia aurait voulu parler, demander pourquoi, où, comment. Mais sa bouche était pincée et sa poitrine serrée. Elle se contenta de descendre et d'avancer dans la pénombre. Elle entendit les roues de la charrette faire demi-tour mais elle ne se détourna pas de son but. Qu'y avait il au détour de ce chemin sombre ? Elle était décidé à le découvrir.

Qu'elle ne fut pas sa surprise, après une courte marche, de voir une grande et sinistre cité apparaître devant elle. Elle sut, reine qu'à l'allure, de l'endroit où elle se trouvait. En une seconde, tout était clair ; Màvreah et la cité d'Ambroisie !
Cette révélation fut un choc. D'ailleurs, ça aurait été un choc pour n'importe quel elfe seul et armé uniquement d'un poignard. Pourquoi ce vieil homme l'avait elle menée ici ? Et pire, pourquoi continuait elle à avancer vers les portes ? Était elle devenue folle ?
Une chose était sûre, elle n'arrivait pas à s'arrêter. Tellement de mystère planait sur cet endroit. Elle n'avait rencontré qu'une fois un vampire. Et, après tout il n'avait pas essayer de la tuer. Bon, évidemment, il avait essayer de l'enrôler dans une guilde d’assassins, il avait frappé et kidnapper une femme devant elle, il avait tenté de la retenir de force et elle avait du s'enfuir en courant. Ce n'était pas ce qu'on pouvait appeler une rencontre idéale. Néanmoins, Lolia ne pouvait s'empêcher de repenser à cette histoire avec excitation. Ça avait été sa première vrai aventure, une vrai montée d’adrénaline. Et pour une elfe comme elle, quoi de mieux ?
Alors, pourquoi se priver de cette découverte. L'homme ne l'avait pas déposée là par hasard. Elle se devait de continuer ! Et tant pis pour le danger.
C'est avec cette pensée suicidaire que la jeune elfe franchit les portes de la cité d'Ambroisie, s'infiltra entre ses ruelles sombres et tomba nez à nez avec son second vampire.

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